Première de passionnés de photo, la la SAPC regroupe 130 associés, spécialisés dans la distribution de produits en photo, vidéo et numérique sous l’enseigne CAMARA.
Vous dirigez le SAPC depuis presque 25 ans. Quel est votre parcours ?
Francis Dupas : J’ai toujours été intéressé par la photographie, pour l’attention qu’elle nous fait porter aux autres et aux choses qui nous entourent. C’est pourquoi j’ai suivi une filière d’apprentissage en photographie à l’âge de 15 ans chez un maître photographe. Je me suis, par la suite, découvert une passion pour la vente de matériel, lors de mon premier emploi dans une entreprise adhérente de la SAPC ; entreprise que je reprendrai quelques années plus tard en location gérance avant de la racheter. Je suis devenu administrateur de la SAPC, au hasard d’une assemblée générale, avant d’être élu par mes pairs président en 1997. 23 ans après, je suis toujours à la tête de ce réseau de spécialistes de la photographie, dont j’ai pu suivre avec le plus grand intérêt les nombreuses transformations liées à l’essor des nouvelles technologies mais aussi de la société en général et du commerce en particulier.
Pouvez-vous revenir sur l’histoire de votre groupement ?
F.D. : La coopérative SAPC (Société d’Achats Photo Ciné), fruit du regroupement de magasins indépendants, a vu le jour dans les années 1950 afin de résoudre les problèmes liés aux difficultés d’approvisionnement de l’après-guerre. Face au développement croissant des enseignes nationales intégrées, les coopérateurs de l’époque ont décidé de créer en 1970 une enseigne commerciale commune : CAMARA, et de déployer des outils de communication pour en assurer la résonance et la promotion. Déclin de l’argentique et essor des technologies numériques, arrivée des rayons spécialisés de la grande distribution sur le marché, concurrence accrue sur Internet et développement d’un nouveau canal de distribution : ces trente dernières années ont été marquées par de profondes mutations qui ont permis aux photo-spécialistes de démontrer leur capacité de résilience ! Notre coopérative SAPC est aujourd’hui forte de 130 associés, dont 30 exercent leur activité sous leur propre nom et 100 qui ont choisi de travailler sous l’enseigne CAMARA. Il y a une quinzaine d’années, nous avons mutualisé les achats et la logistique en créant la SCAN, « super d’achat du numérique ». La SAPC représente 75 % de cette structure et met ses moyens techniques à la disposition de la SCAN.
Vous disposez d’un savoir-faire logistique, indispensable à la pleine réussite de votre réseau…
F.D. : Il y a longtemps que la SAPC a compris que la logistique était un rouage essentiel dans un groupement prenant en charge partiellement ou totalement l’approvisionnement de ses magasins. Nous référençons un peu plus de 13 000 produits et nous disposons d’un stock permanent de 2500 produits. Il ne faut pas perdre de vue que le premier critère de satisfaction d’un magasin repose sur la livraison et la capacité à livrer aujourd’hui avant 13h ce qui a été commandé la veille à 18h ! Nous vendons des produits très techniques, à forte valeur et à faible marge et notre logistique a permis à nombre de magasins de traverser les crises en limitant le plus possible leurs stocks et en augmentant fortement la rotation. Les magasins conservent ainsi un assortiment très large, sans souci de stockage puisqu’ils peuvent être réapprovisionnés extrêmement rapidement.
Cette logistique comprend également la gestion de « contrats de distribution sélective », qui n’est pas une mince affaire !
F.D. : Notre logistique gère également les contrats de distribution sélective, c’est-à-dire les contrats passés entre une marque photographique et un magasin, qui permettent au de commercialiser cette marque à condition de respecter l’univers qui lui est associé. La quasi-totalité de nos marques d’appareils et d’objectifs vendent leurs produits sous ce type de contrats, généralement assez stricts. Nous incitons nos magasins, quelle que soit leur taille, à être expert au moins d’une marque. Il n’y a aucun avenir pour les magasins à la spécialisation « anonyme » !
Vous avez investi relativement tôt le numérique en lançant le site www.camara.net
F.D. : Parce qu’il était évident qu’Internet était un canal d’avenir, la SAPC a lancé très tôt son site marchand www.camara.net, dont la première version a vu le jour en 2006. Nous en sommes actuellement à la sixième ! Le monde du commerce connaît, depuis une vingtaine d’années, de multiples transformations, passionnantes à observer. Depuis toujours, la fonction première du commerce était de trouver des produits et de les acheminer ensuite à proximité des consommateurs. Et voilà qu’aujourd’hui, plus personne n’a besoin d’une boutique pour obtenir n’importe quel produit, même pour une voiture ! Et souvent même, un produit précis est plus rapide à obtenir en ne passant pas par un commerce physique. Plus que jamais, un commerçant qui ne sait pas se rendre utile et indispensable, entre un produit et un consommateur, est déjà mort sans en avoir conscience ou plus sûrement, sans vouloir s’en rendre compte.
Comment ce site internet est-il géré ?
F.D. : Le site est géré par une équipe de la centrale, avec les prix de vente recommandés par le groupe (PVCG). Chaque magasin dispose d’un back office lui permettant d’appliquer ses propres prix, s’ils sont moins élevés que les PVCG. Le site gère, bien évidemment, les contrats de distribution sélective à l’article et au point de vente. Notre organisation a aussi mis au point un dispositif de parrainage permettant aux clients de se faire livrer des articles sous contrat de distribution sélective, dans un magasin non-signataire, afin d’assurer un service maximal partout en France. Tous les produits achetés sur notre site sont expédiés directement par l’entrepôt pour le compte d’un magasin CAMARA obligatoirement choisi par l’internaute, soit en livraison gratuite dans le magasin, soit au domicile du client. Il s’agit toujours de la vente d’un magasin, et les produits lui sont d’ailleurs facturés aux conditions habituelles. La marge du magasin lors d’une vente en ligne est la même que lors d’une vente directement en boutique. Notre site internet est devenu incontournable et constitue notre premier vecteur de communication.
Comment votre réseau s’adapte-t-il aux nouvelles attentes des consommateurs ?
F.D. : Cette fameuse « expérience consommateur » n’est pas un vain mot chez nous ! Nous déployons les CAMARA EXPERIENCE, qui consistent à prêter pendant une heure aux clients les plus beaux appareils et objectifs, sans obligation d’achat. Selon nous, comme dans tout secteur spécialisé, l’avenir repose sur l’éducation des consommateurs. A ce titre, nos magasins organisent généralement le samedi matin par groupes de 5 à 10 personnes des séances de vulgarisation. Nos clients peuvent ainsi se familiariser avec les bases théoriques de la photo en une heure, puis faire deux heures de pratique lors d’une balade autour du magasin avec un coach, le tout gratuitement.
Comment votre réseau a-t-il vécu ces derniers mois ?
F.D. : La pandémie, la crise, son traitement et ses conséquences : tout ce que nous vivons depuis plusieurs mois est incroyable. Nous n’aurions jamais imaginé vivre pareille situation. En dehors, bien évidemment, des recommandations sanitaires faites à nos adhérents, le mot d’ordre a été : respect total des échéances financières des fournisseurs pour ne pas bloquer la machine lors de la reprise. Nous avons également recommandé la plus grande circonspection dans les reports de charges afin de ne pas grever le troisième trimestre. Si nous estimons sur l’année complète une perte de chiffre d’affaires de 15 %, les difficultés arriveront l’année prochaine. Aujourd’hui, notre principal problème concerne les approvisionnements, qui plus est, de produits sophistiqués : les budgets de production chez nos principaux fournisseurs ont drastiquement baissé depuis le mois de mars, l’augmentation des volumes produits est beaucoup moins rapide que la demande, la crise mondiale du transport aérien a reporté les acheminements vers le maritime, beaucoup plus long. Cependant, nous avons conscience que nous avons de bien meilleures perspectives que dans d’autres secteurs d’activité et que nos petites entreprises se montrent très agiles et résilientes. Par ailleurs, nous ne connaissons pas encore toutes les conséquences de la crise du Covid-19 sur les changements de comportement des individus et nous découvrons de nouvelles choses tous les jours. Néanmoins, nous pouvons affirmer que les sociétés avancent dans les périodes de crise. En 2020, nous avons donc la possibilité d’avancer beaucoup. Ne gâchons pas cette chance, soyons attentifs, vifs et malins..
Camara, en chiffres :
- 115 millions d’euros de chiffre d’affaires
- 130 associés
- 20 salariés au siège