Pourriez-vous résumer votre parcours ?
Luc Priouzeau : Docteur en pharmacie en 1985, je suis embauché en 1987 dans une pharmacie en milieu rural. Rapidement, je découvre la spécificité de l’association et, en 1994, je propose de reprendre seul l’activité. De manière inattendue, je me retrouve confronté à une situation de blocage qui durera trois ans. Cette période très difficile m’aura au moins servi à éprouver ma force de caractère et ma détermination, qui ne se sont jamais démenties depuis lors. En 2004, je transfère ma pharmacie dans la même commune, à Saint-Laurent-des-Autels. Cela fait donc 20 ans cette année et, dans moins de deux ans, je céderai à mon tour la pharmacie à mon adjointe devenue mon associée. La boucle sera alors bouclée pour ainsi dire.
Auriez-vous une anecdote personnelle pour nous aider à mieux comprendre qui vous êtes ?
L. P. : Et même plusieurs ! J’ai toujours participé à la gouvernance de toutes les associations dans lesquelles je suis passé, comme dans le milieu hippique où j’ai pratiqué pendant 15 ans ma passion, participant à des courses d’amateurs et renonçant à la possibilité de devenir entraîneur ou vétérinaire équin. J’aime à dire que si je suis pharmacien par accident, cette profession est devenue une passion pour sa dimension humaine. J’ai aussi participé à la création d’une association humanitaire locale, Aide Villages Togo, afin de contribuer au développement de villages isolés notamment sur les questions d’éducation et de santé.
Comment résumeriez-vous votre action à la présidence de Giropharm depuis 2021, et quelle est votre feuille de route pour les prochaines années ?
L. P. : Sans aucun doute d’être parvenu à orienter l’action des administrateurs vers la stratégie afin de réserver l’opérationnel à l’équipe de professionnels de la . Cette étape était essentielle pour accompagner avec le plus d’efficacité notre développement. Désormais, dans un contexte de concentration autour de grandes structures influentes qui domineront à moyen terme le secteur, il nous faut parvenir à nouer des relations partenariales avec d’autres acteurs afin d’être l’une de ces structures tout en gardant notre ADN, nos valeurs. Et puis, fils d’agriculteurs, le respect de notre environnement est une évidence et c’est pourquoi j’ai rejoint à titre personnel l’ONG Team for the Planet. Avec Giropharm, sous la houlette de Gilles [NDLR : Gilles Unglik, directeur général opérationnel de Giropharm], nous adhérons à l’action PHSQ dans le cadre de la labellisation ECOR qui nous permettra de franchir encore une étape dans notre évolution vers un modèle de fonctionnement plus responsable et durable.
Comment concilie-t-on l’exercice de pharmacien et la fonction de PDG ?
L. P. : En trouvant les bons équilibres grâce à l’organisation adéquate et en sachant s’entourer. L’appui de mon épouse, de mon associée à l’officine et de Gilles, un directeur hors norme par sa qualité, ont été essentiels. Le numérique a également aidé en facilitant le travail à distance. En réalité, la difficulté pour tous, c’est de comprendre que lorsque l’on prend des fonctions d’administrateur ou de dirigeant, on ne travaille pas pour soi mais pour l’intérêt collectif. C’est aussi ce qui fait toute la richesse de ce type d’engagement. On apprend beaucoup sur soi, et sur les autres.
Pouvez-vous revenir sur votre vision du secteur ?
L. P. : Le secteur se structurera autour de dix organisations influentes qui représenteront chacune environ 10 % du chiffre d’affaires du secteur. Dès lors, il est impératif de défendre et de promouvoir le modèle des pharmaciens indépendants en tant que pilier essentiel du secteur de la santé. Il n’y a pas d’indépendance intellectuelle sans indépendance financière. Mes collègues dirigeants de groupements coopératifs et associés adhérents de la FCA partagent cette vision. Nous avons logiquement souhaité renforcer nos liens autour de la défense de ce modèle unique en créant au sein de la fédération un espace de réflexion et d’échange qui servira à renforcer et structurer notre action commune.
Il est impératif de défendre et de promouvoir le modèle des pharmaciens indépendants en tant que pilier essentiel du secteur de la santé.
Giropharm en chiffres :
- 1,26 Md€ TTC de chiffre d'affaires fin 2023
- 510 officines coopératrices
- 73 salariés
- 3500 collaborateurs au sein des officines