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Publié le 17 avril 2025
Le covid a percuté de plein fouet les métiers du commerce. Et en catalysant des mutations parfois à l’œuvre depuis longtemps mais silencieuses, la crise sanitaire a conduit la question du sens au travail à se poser avec plus d’acuité que jamais. Face aux confinements, au chômage partiel, à la généralisation du télétravail, à l’irruption de notions inédites comme celle de « travailleurs essentiels » ou de « quiet quitting », nombreux sont celles et ceux qui ont dû réévaluer, par contrainte ou par choix, leur rapport à leur vie professionnelle.

Sophie Ho Thong, Directrice générale adjointe et Associée du Finance Conseil, et Yohann Marcet, fondateur et CEO de Meaning at Work, spécialiste de la question du sens au travail, voient dans le modèle et associé une clé pour répondre à cette crise inédite : celle du sens au travail.

Les entreprises, nouveaux points de repère

Si d’aventure les entreprises étaient tentées d’esquiver une question en apparence plus existentielle que professionnelle, Yohann Marcet met en garde : « Une étude du ministère du Travail de 2023 a révélé que 4 salariés sur 10 envisageaient de quitter leur emploi pour un travail porteur de sens ». Chez les jeunes diplômés, la tendance est encore plus marquée : « 70 % des étudiants des grandes écoles sont prêts à réduire leur salaire de 25 % pour un emploi qui a plus de sens », souligne-t-il.

Impossible de faire l’économie d’une réflexion sur cette question, désormais stratégique. Ce d’autant que la confiance des Français envers les entreprises atteint des niveaux historiques, à 82 % pour les PME et 48 % pour les grands groupes, d’après l’enquête Fractures françaises menée chaque année par Ipsos. Du jamais vu. Et le signe que les entreprises sont appelées à jouer un rôle nouveau.

Quand l’utilité n’a plus de sens

 « Trouver du sens au travail, ça ne se limite pas à exercer un métier utile. La crise du sens, qui n’épargne pas des métiers pourtant utiles comme soignant ou enseignant, est souvent liée à un conflit de valeurs », explique Yohann Marcet. « Le sens naît de l’alignement entre ce qu’un individu attend de son travail et sa réalité. C’est au contraire quand survient un désalignement profond entre les attentes initiales et ce qui est vécu sur le terrain que le travailleur peut connaître le "brown-out" : une perte de motivation liée à un conflit de valeurs. »

Parmi la vingtaine de facteurs identifiés par ses travaux et contribuant à donner du sens, Yohann Marcet constate que les plus déterminants sont l’autonomie, la reconnaissance symbolique et financière, mais aussi l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
 


Le brown-out, maladie des bullshit jobs
Ni burn-out, ni bore-out, le brown-out correspond à un désengagement progressif, qui résulte d’un désalignement profond entre ses valeurs et les tâches réalisées dans le cadre de son activité professionnelle. Risque psycho-social à part entière, c’est la maladie de la perte de sens au travail. Un phénomène identifié et analysé en particulier par l’anthropologue américain David Graeber en 2018 dans son ouvrage Bullshit jobs.



L’autonomie et la coopération au service du sens

Si le tableau paraît morose, c’est pourtant bien des entreprises elles-mêmes que vient le sursaut, et en particulier celles du commerce coopératif et associé. « Une alternative plus engageante ! » s’enthousiasme Sophie Ho Thong. « C’est un modèle qui repose sur l’autonomie et la mutualisation des forces. Chez Finance Conseil, par exemple, nous associons au sein d’ateliers ou de communautés de travail des collaborateurs aux processus de décision opérationnelle et nous fonctionnons de manière très horizontale. L’intelligence collective est au centre de notre organisation. »

Le groupement compte aujourd’hui 330 collaborateurs, dont 160 mandataires indépendants et 170  salariés. « Nous sommes exigeants dans nos recrutements, tant à l’égard de nos nouveaux associés, que des futurs collaborateurs  », souligne Sophie Ho Thong. « C’est essentiel d’être en adéquation avec nos valeurs coopératives, car le succès du modèle repose sur cet alignement profond : l’effort individuel rejoint l’effort collectif. L’un et l’autre doivent aller de pair et s’enrichir mutuellement. »

Pour Yohann Marcet, cette approche correspond aux nouvelles attentes des salariés. « L’autonomie est un facteur clé du sens au travail », affirme-t-il. « Les grandes entreprises ont tendance à multiplier les processus de contrôle, ce qui prive les employés du sentiment d’être acteurs de leur travail. À l’inverse, le modèle coopératif et associé, qui a vu le jour en suivant un idéal démocratique, favorise justement cette responsabilisation. »

Le télétravail sens dessus dessous

Le télétravail s’est imposé comme une revendication forte depuis la pandémie. Il concernait 26 % des salariés français en 2023, contre 9 % en 2019. Mais avec des modalités d’application variable et des entreprises de plus en plus nombreuses à se raviser. Signe que le télétravail n’a rien d’une « nouvelle normalité » mais demeure un sujet de questionnement et d’expérimentation.

Chez Finance Conseil, l’organisation s’est faite en adéquation avec les besoins sans cadre rigide. « Nos collaborateurs sont très autonomes », détaille Sophie Ho Thong. « Chacun gère son emploi du temps en fonction de son activité. La souplesse est inhérente à notre métier. Et nous avons constaté que nos collaborateurs privilégient le bureau, en particulier pour l’échange et la convivialité. »

Une convivialité qui n’a rien d’anecdotique, confirme Yohann Marcet. « Le besoin d'appartenir, de faire équipe, de se connecter, de se relier aux autres est capital. Sans nier les aspirations sociétales profondes à un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, auxquelles le télétravail peut répondre, le « full remote » dégrade inéluctablement l'esprit d'équipe, la cohésion, le lien social. »

« Le piège, insiste-t-il, c’est de vouloir mettre le travail à distance, d’en faire une parenthèse étrangère à sa vie. Or trouver son épanouissement au travail fait partie intégrante du sens de l’existence ! »

Un modèle que l’on porte en soi

Le succès du Commerce Coopératif et Associé repose sur une conviction forte. « C’est un modèle qu’on porte en soi, il faut y croire pour le faire vivre », résume Sophie Ho Thong. « Ce que viennent chercher nos associés va bien au-delà de l’avantage commercial : ils contribuent activement à la dynamique collective du groupement. »

Un engagement qui se traduit aussi par une gestion partagée des décisions. « Dans un groupement coopératif ou associé, la prise de décision peut parfois sembler plus longue, mais cela garantit une adhésion forte et une mise en application rapide », observe-t-elle. « Quand une stratégie est co-construite, il est beaucoup plus facile ensuite de la faire vivre sur le terrain. »

Yohann Marcet conclut : « Le modèle coopératif et associé incarne parfaitement ce qui fait le sens au travail aujourd’hui : autonomie, engagement, reconnaissance et contribution à un projet collectif. Ce sont ces éléments qui rendent un emploi non seulement supportable, mais réellement épanouissant. »

 

Les chiffres du sens au travail

  • 92 % des actifs s'interrogent sur le sens de leur travail (étude Audencia et jobs_that_makesense)
  • 29 % des Français ne perçoivent ni le sens ni l’utilité de leur travail (Projet Sens, 2023)
  • 70% des étudiants des grandes écoles seraient prêts à réduire leur salaire de 25% pour occuper un emploi plus porteur de sens (Conférence des grandes écoles).

 



Yohann Marcet dirige Meaning at Work, à la fois cabinet de conseil et centre de recherche sur la question du sens au travail. Logothérapeute, enseignant à Sciences Po, il est aussi l’animateur du podcast « En quête de sens » et intervient régulièrement dans les colonnes de la Harvard Business Review.


Sophie Ho Thong est Associée, Directrice générale adjointe et membre du Comex de Finance Conseil, réseau coopératif de courtage en financement. Un rôle privilégié pour décrypter les atouts du modèle coopératif et associé, à l’heure où attirer les entrepreneurs et les talents est devenu un enjeu stratégique.