Tandis qu’une hausse significative était attendue pour décembre 2022, l'inflation connaît finalement un ralentissement. L’Insee estime à ce sujet que la hausse des prix s’élève sur un an à 5,9 % selon son dernier rapport publié début janvier. Une hausse qui reste inégale selon les secteurs d’activités et catégories de produits, symbolisée notamment par la hausse des prix de l’énergie qui tire l’inflation vers le haut (15,1 % sur un an). A contrario, d’autres secteurs se voient moins impactés, comme cela peut être le cas pour le secteur des services (2,9 %) ou des produits manufacturés (2,6 %).
A l’instar du secteur énergétique, l’alimentaire figure ces dernières semaines au cœur des préoccupations. Avec une hausse de 12,1 % sur un an, la question de l’évolution des prix des produits alimentaires suscite de nombreuses réactions et une vive inquiétude, impactant fatalement le quotidien des Français qui voient leur facture grimper au fil des mois. Dans ce secteur, l’inflation se concentre principalement sur l’épicerie (+12,9%) et le frais libre-service (+15,6%). En ce qui concerne les Produits de Grande Consommation, le rayon frais libre-service est le seul à avoir dépassé le seuil symbolique des 15 %. Des hausses difficiles à accepter tant pour les consommateurs que les distributeurs, au moment où les négociations commerciales 2023 battent leur plein.
En réponse à cette hausse des prix, Michel-Edouard Leclerc avertit en ce début d’année sur l’impact que pourraient avoir certains projets de loi sur les négociations commerciales, défendus par Julien Dive (LR) et Frédéric Descrozaille (Renaissance). Ces projets de lois, étudiés courant janvier, portent notamment sur l’encadrement des promotions, le seuil de revente à perte ou encore un ensemble de mesures pour éviter des ruptures dans la chaîne d’approvisionnement des produits de grande consommation. Le Président du comité stratégique du Mouvement Leclerc avance qu’en cas de décision positive pour ces projets, « aucune enseigne de commerçants ne pourrait s'opposer à des augmentations de tarifs de 10 à 30 % ».
Il surenchérit en indiquant que « l'idée de ces députés, c'est que faute d'accord à l'issue des discussions d'achat, c'est le tarif du fournisseur qui s'imposera. Si l'acheteur n'est pas content, le fournisseur pourra ne pas livrer les magasins ! C'est : "la hausse ou... pas de fourniture" !
Vers une amélioration progressive à partir du 2ème semestre 2023 ?
Le sujet de la hausse des prix cristallise naturellement les tensions. Une situation qui devrait encore durer plusieurs mois si l’on se fie aux prévisions de plusieurs experts, comme le panéliste IRI qui indique par le biais de sa directrice business insight Emilie Mayer "qu’une hypothèse d’une forte inflation sur le premier semestre 2023 est à anticiper".
Le Ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a lui récemment indiqué que "dans des temps qui sont objectivement difficiles (...) l'économie française résiste. Elle n'est pas une île, elle n'échappe pas aux difficultés conjoncturelles mais elle résiste et elle aura une croissance positive en 2023." Résolument optimiste, il ajoute enfin que "Dans les mois à venir, nous garderons un niveau d’inflation élevé. Mais à partir de la mi-mai 2023, l’inflation devrait commencer à baisser ».
Alors, quid des commerces ? Le Ministre de l’Economie précise qu’"il y a selon l'Insee, moins de 1% des entrepreneurs qui envisagent de fermer ou de ralentir leur production". "Il y a trois ans, quand le Covid frappait, on m'annonçait une vague de faillites comme la France n'en avait pas connue depuis des décennies : elle ne s'est pas produite". Un constat qui tranche avec les résultats de l'Observatoire SDI des TPE récemment publié, qui révèle que les entrepreneurs, commerçants et dirigeants de TPE notamment sont relativement inquiets de cette situation, affichant un moral en berne et se préparant pour beaucoup à des cessations d’activité dans les semaines à venir. Un rapport qui dresse un constat alarmant sur la situation de ces entreprises (en savoir plus).
A l’occasion de sa présentation des vœux aux acteurs économiques, le jeudi 5 janvier 2023, le ministre a aussi affirmé que « la première manche contre l’inflation a été gagnée. Nous avons protégé le pouvoir d’achat des ménages avec notamment l’instauration d’un bouclier tarifaire. Nous devons maintenant gagner la seconde manche, en faisant baisser l’inflation dans les mois qui viennent. Les conditions sont réunies pour que celle-ci se stabilise puis recule dans les prochains mois. […] 2023 ne marquera pas le retour du « quoi qu’il en coûte ».
A l’heure où les factures d’énergies explosent, en parallèle d’autres postes budgétaires parfois difficiles à couvrir pour certains commerçants, espérons que cette nouvelle année soit le symbole d’une amélioration progressive de la situation, tant pour nos commerces, qui ont déjà montré leur force et leur abnégation pour faire face à la multitude de difficultés rencontrées ces derniers mois (pandémie, inflation, énergie, recrutement, approvisionnement...) que pour l’ensemble d'une société marquée par une succession de crises.