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Publié le 14 janvier 2025
Si 150 ans séparent la France de 1874 à celle de 2024, toutes deux traversent des situations économiques extrêmement préoccupantes illustrées par une dette publique atteignant des niveaux dramatiques et se voient secouer par de profondes crises de régime aux évolutions très incertaines. Alors, éternel recommencement de l’histoire ou, au contraire, simple et malheureuse coïncidence ?

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La trêve des confiseurs consacre en France les quelques jours séparant Noël du jour de l’an. En décembre 1874, des débats houleux opposent républicains, monarchistes et bonapartistes sur la future constitution. Or, afin de préserver cette période cruciale pour les affaires économiques du pays et plus particulièrement le commerce, les parlementaires s’accordèrent sur un ajournement des discussions jusqu’à après les fêtes de fin d’année. Qui veut verra donc dans l’actualité de troublantes similitudes.

Si, dans le chaos politique régnant, d’aucuns se réjouiront de cette trêve forcée à coup de censure, on peut craindre aussi que cela ne revienne finalement à reculer pour mieux sauter. Alors bien sûr, qui n’a pas entendu autour de lui des voix rappeler non sans malice que la Belgique pourtant privée régulièrement de gouvernement ces quinze dernières années ne s’en trouve pas plus mal lotie ? D’autres, non sans acrimonie, ne sont-ils pas allés chercher dans leur mémoire les écrits de Simone Weil sur la suppression des partis politiques, coupables pour la philosophe de fabriquer de la passion collective et de l’endoctrinement bien loin de l’intérêt général et de la quête de vérité ? C’est dire à quel point la défiance à l’endroit des responsables politiques est désormais immense et généralisée.

Nonobstant, on s’inquiète des nombreux sujets, plus ou moins urgents, restés en suspens et dont on ne sait quel sort leur sera finalement réservé. Car ce qui est embêtant avec l’incertitude c’est qu’on n’est jamais sûr de rien ! Qui mettrait d’ailleurs sa main au feu qu’au moment de lire ces lignes, le gouvernement Bayrou sera toujours en place ? Or les investissements parfois conséquents demandés aux entrepreneurs pour assurer les transitions énergétique et numériques dans les secteurs du commerce et des services souffrent des atermoiements législatif et normatif. De même qu’il est coutume de dire que la confiance est le moteur de la consommation et, donc, de la croissance. Cette fameuse trêve n’est alors peut-être bien qu’un pis-aller.

Un récent sondage réalisé par Ipsos montre d’ailleurs que les Français ont une perception de la dégradation de leur qualité de vie nettement plus négative que le reste du monde. Hausse des impôts, des taux d’intérêts, du prix de l’énergie, des loisirs, l’optimisme brille par son absence. Mais si, comme l’écrit Dante, « le chemin du paradis commence en enfer », faisons contre mauvaise fortune bon cœur.