Plongé en plein changement systémique, le commerce ne peut plus se cantonner à une simple posture réactive. Pour relever les défis majeurs qui lui font face, le secteur n’a pas d’autres choix que d’anticiper et de s’adapter. Il en va de sa pérennité.
Après plusieurs mois de tergiversation, le Conseil National du Commerce (CNC), fruit des Assises du Commerce, a vu officiellement le jour le 25 avril 2023 réunissant pour l’occasion un imposant aréopage représentatif du secteur en présence des ministres Bruno Le Maire, Olivia Grégoire et Christophe Béchu. Le CNC sera donc l’instance permettant aux commerçants, aux chefs d’entreprise et aux responsables d’organisations professionnelles, d’avoir un lieu d’échanges directs et opérationnels avec les ministres, les administrations centrales, les partenaires de l’État et les associations d’élus locaux.
Il faut dire que dans ce secteur très atomisé, où les entreprises sont de taille, de secteur d’activité et donc de sujets de préoccupation très variés, le Gouvernement s’entretenait jusqu’à présent avec une multitude d’acteurs séparément, qui eux-mêmes ne se parlaient pas, ou peu. À cette difficulté structurelle s’ajoutait le fait que le commerce était depuis longtemps maintenu dans l’ornière par l’attitude surplombante du politique en dépit des quelques 700 000 entreprises, 3,6 millions de salariés et 1450 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 220 milliards de valeur ajouté que génère le secteur. Un colosse donc, mais un colosse aux pieds d’argile.
D’abord parce que la hausse des loyers commerciaux, le remboursement des PGE, l’envolée du prix de l’énergie, la pression normative, l’inflation et la crise du pouvoir d’achat font craindre une défaillance en chaîne de petites et moyennes entreprises. Ensuite, parce que depuis plusieurs années, le secteur du commerce doit faire face à de nombreux défis : transition écologique, place du numérique et de l’innovation, présence dans les territoires urbains, péri-urbains et ruraux, formation et attractivité des métiers, définition d’une fiscalité adaptée.
Le commerce qui tous les jours loge, équipe, nourrit et habille les Français ne pouvait être éternellement réduit à une simple variable d’ajustement. Le CNC devra agir avec efficacité pour rendre au secteur sa pleine dimension stratégique en portant sa voix au cœur de l’élaboration des politiques publiques.
CNC : trois lettres et plein de promesses pour rendre au commerce ses lettres de noblesse. Et ces promesses, il faudra les tenir. Alors au travail !
Olivier Urrutia, délégué général de la Fédération du Commerce et Associé (FCA)