Comment la crise sanitaire a-t-elle impacté le Commerce et Associé ?
Notre forme de commerce s’est très bien comportée pendant la crise, puisqu’elle a progressé de 2 % en 2020, alors que sur cette même période le commerce de détail était en baisse de 3%. Cependant, selon les secteurs, les réalités sont très différentes. Si les « commerces dits essentiels » ont réalisé de très belles performances pendant cette période de crise (alimentaire, pharmacie et parapharmacie, aménagement de la maison, bricolage), les « non essentiels » ont davantage été impactés. Toutefois dans chaque secteur, le Commerce Coopératif a connu des résultats supérieurs à celui du marché national : - 7,5 % pour la parfumerie (contre – 20 % au niveau national), - 8 % pour l'optique (contre – 20 %), - 7 % (contre - 9 %). Avec évidemment une baisse très importante pour le secteur de l'hôtellerie et du voyage (- 67 %).
Comment expliquez-vous que le Commerce coopératif s'en sorte mieux que la moyenne nationale ?
Les coopératives sont extrêmement réactives. Toutes les enseignes ont très vite organisé des réunions en visio par région, et tous les moyens ont été mis en place dans les quatre à six semaines avec des solutions de clic and collect, phone and collect, drive, etc. L’implantation de nos points de vente, majoritairement dans les centres ville ainsi que dans les villes petites ou moyennes a été un atout majeur puisque nous étions là où se trouvaient les Français et surtout là où ils souhaitaient consommer. Nos structures sont très légères donc par définition souples et réactives et comme de plus nous sommes tous des entrepreneurs indépendants et pragmatiques, lorsque des solutions sont proposées, nous sommes en capacité de réagir rapidement et de prendre des décisions immédiatement. Par rapport à un fonctionnement plus classique, notre modèle a un avantage majeur dans les situations extrêmes. Je peux résumer cela en quatre points : notre modèle est solide car il est basé sur la mutualisation et l'entraide, ce qui favorise une bonne stabilité économique ; nos points de vente sont majoritairement en centre-ville et non en centres commerciaux ; notre modèle permet de réagir rapidement pour se réinventer efficacement ; enfin, nous avons été capables de développer rapidement une offre digitale qui correspondait à la demande des consommateurs.
Quels enseignements tirez-vous de cette crise ?
Tout d’abord que nos commerces sont en phase avec les attentes des consommateurs, tant pour leurs offres produits, leurs formats, leur offre digitale ou encore leurs implantations.
Un autre point est apparu comme une évidence : la période que nous venons de traverser a accéléré la transformation de nos modes de vie ainsi que nos priorités sociétales. Les Français veulent favoriser l’équilibre entre leur vie privée, le temps pour leur famille et leurs amis et adopter un mode de vie plus sain avec une forte volonté d’agir pour la planète. Le fait que les enseignes bio du Commerce Coopératif et Associé aient vu leur chiffre d'affaires augmenter de + 23 % en 2020 (contre + 2 % pour l'ensemble du secteur alimentaire) en est un indice.
Une autre révélation est l’utilisation maintenant incontournable de la visio comme outil de travail et de communication tant avec nos équipes qu’avec nos adhérents. Même si on a repris les réunions physiques, on continue à utiliser les réunions à distance comme on ne l'avait jamais fait auparavant et je pense que c'est un phénomène qui va perdurer et même s'accélérer.
Cela se voit aussi dans le recrutement de nos collaborateurs. Il y a une forte demande de qualité des conditions de travail, qui se traduit parfois par des exigences peu compatibles avec le commerce de détail (ne pas travailler le samedi, avoir des horaires moins contraignants, apprécier le télétravail, etc.). Nous devons réfléchir à redonner ses lettres de noblesse aux métiers du commerce qui sont des métiers passionnants d'échange avec le client et de disponibilité à l'autre. C'est un défi pour nous ! Le Commerce Coopératif et Associé est mieux placé que d'autres pour le relever. Cela passera par la formation que nous devons promouvoir, par un management exemplaire, par la construction d’une marque employeur forte adossée à de vraies valeurs, et par la promotion de l’ascenseur social que porte notre modèle.
Interview réalisée par Michel Lulek pour Coop FR, à retrouver ici dans son intégralité