Le réchauffement climatique est une réalité. Son origine liée en grande partie aux activités humaines est une certitude. Pour autant, des solutions existent. Ce sont là les principaux éléments conclusifs de la synthèse du 6ᵉ rapport du GIEC publiée il y a quelques jours et qualifiée de « manuel de survie pour l’humanité » par le Secrétaire général de l’ONU.
Explosion démographique, urbanisation massive, réchauffement climatique, disparition de la faune et de la flore, pénurie alimentaire : le film culte Soleil Vert dépeint un monde devenu apocalyptique, en 2030. Fort heureusement, nous n’en sommes pas encore là. Pas encore. Mais il semble que nous nous y dirigions dangereusement tels des somnambules qu’il faudrait encore dessiller. C’est là, puisant dans les préoccupations séculaires quant aux conséquences des activités économiques sur le monde, que la RSE s’est progressivement installée comme une force incontournable de portée holistique qui redéfinit entièrement la notion même de performance et la nature des relations qu’entretiennent les entreprises avec la société.
Et franchement, peut-on encore vraiment s’émouvoir de la volonté de nos sociétés modernes d’établir de nouvelles règles économiques, sociales et écologiques davantage tournées vers la recherche d’une cohabitation plus juste et harmonieuse entre leurs différentes composantes ? Il n’est guère plus temps de tergiverser. Il faut maintenant agir avec détermination et ambition. Et sans naïveté ajoutera-t-on.
La RSE est en effet devenue un marché porteur. C’est en même temps un champ hétéronome puissant mêlant référentiel moral, cadre juridique et corpus normatif, qui affecte de façon croissante les performances des entreprises et modèle un véritable projet de société. Ainsi, il convient de porter un regard attentif aux biais méthodologiques concourant à l’élaboration des indicateurs et de s’intéresser à leurs auteurs.
Or, force est de constater le trop faible intérêt porté en France à ces questions et à leurs conséquences quand de plus en plus de conflits commerciaux porteront sur le terrain des normes sociales et environnementales. Il est, à ce titre, impératif que le monde coopératif développe ses propres critères qui lui soient spécifiques et adaptés. Faute de quoi, l’application et l’interprétation de critères étrangers à la réalité du monde constitueront une menace bien réelle pour le modèle.
Un sujet que nous traitons activement au sein de la FCA avec les dirigeants des groupements adhérents à la fédération, pour les aider à transformer l’entreprise pour prendre un temps d’avance. On doit y prendre la mesure du chantier à mettre en œuvre. Il est vaste : redéfinir la performance d’entreprise à l’aune de critères plus larges et ambitieux. Une manière de revenir au fondement de l’économie dont l’étymologie en grec ancien, oïkos nomos, signifie la gestion de la maison commune. Et ceci sans pour autant succomber à des démarches superficielles qui ne font rien avancer à l’exception d’elles-mêmes.
Olivier Urrutia, délégué général de la Fédération du Commerce Coopératif et Associé (FCA).