Récemment, une équipe d’élus a rédigé une proposition de loi afin de revitaliser les centres-villes, en particulier dans des petites villes. En préambule, ils citent Sénèque « Ce n’est pas parce que les choses sont
difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles », comme pour illustrer l’extraordinaire difficulté à mener cette tâche, après des années et des années d’inaction et le constat terrible de la désaffection des centres-villes des petites villes en particulier.
« Bien sûr, vos rapporteurs n’ignorent pas que l’évolution des centres-villes et de son commerce n’est pas qu’une question de législation ou de réglementation » et de poursuivre « Elle est aussi la résultante de forces sociales puissantes dont l’une des principales est le consommateur lui-même. Dans les dernières décennies, il a bien été l’une des forces qui a joué contre les centres ! » est l’une des toutes premières phrases éclairées du préambule à la proposition de loi… Et de rajouter un peu plus loin cet amer constat comme s’ils découvraient 50 ans d’inertie malheureuse : « Aujourd’hui, il est en effet beaucoup plus simple et beaucoup moins coûteux de construire en périphérie, de stationner en périphérie, d’acheter en périphérie, de se loger en périphérie. » Pourtant certaines incantations fleurent bon la démagogie comme celle de demander aux consommateurs de « prendre conscience de son rôle déterminant, de rééquilibrer ses modes d’achats, de se tourner davantage vers les centres-villes et les centres-bourgs » même si on met toujours plus de contraintes à y accéder, à y stationner, à y habiter, bref à y vivre !
Cette force est le e-commerce…
Par ailleurs, il semble que le législateur a pris conscience de certaines composantes du commerce incontournables avec ce constat clairement écrit dans son préambule : « ledit consommateur est aujourd’hui le support d’une nouvelle force… Cette nouvelle force est le e-commerce. » . Enfin, il ajoute « Aux pouvoirs publics de faciliter la tâche du consommateur et de l’encourager à évoluer et à revenir dans les centres-villes… ».
Tout est dit ! Et là nous attendons le gouvernement…
Va-t-il avoir le courage de relever le défi de moins taxer le commerce physique, au profit du commerce digital qui prospère avec les grandes « marketplaces » d’aujourd’hui et de demain ?
Tous ces acteurs payent bien moins de taxes que le commerce physique (Tascom, taxe sur les enseignes, taxe sur les ordures, apanage du commerce physique, …). Cependant, il faut ajouter à la réflexion que le commerce physique n’est plus le seul canal de distribution des produits et des services en devenant progressivement multicanal…
Taxons taxons…
Si un rééquilibrage semble nécessaire, en taxant moins le commerce physique et plus le digital, attention cependant, de ne pas céder à la tentation du haro sur le commerce digital comme exutoire aux problèmes du commerce physique, alors qu’il en est justement un des relais puissants, complémentaires et vecteurs de développement… Une réflexion intelligente en la matière semble urgente pour ne pas tomber dans le travers bien franco-français : « Taxons, taxons, il en restera toujours quelque chose. »