Il est des rentrées qui prolongent la pause estivale dans une sorte de langueur monotone, et d’autres qui nous plongent sans ménagement dans un bain de réalisme cru. À l’Université d’été du Mouvement des Entreprises de France, dans une ambiance certes plutôt joyeuse et détendue, il a beaucoup été question de la situation géopolitique, de l’inflation et de la transition énergétique. Si l’on retiendra principalement que le monde est en proie à une crise globale profonde et multifactorielle, on se souviendra en contrepoint que la pensée grecque, par le passé, nous a appris que toute crise renferme en son sein la possibilité de son propre dépassement. Soutien réaffirmé de la France au peuple ukrainien, nécessaire recomposition des systèmes de management pour faire face à la désaffection d’une part croissante de la population pour l’emploi en entreprise ou inflation contenue pour protéger le pouvoir d’achat, c’est bien la transition écologique et énergétique qui a été au centre des débats.
Fait inédit dans l’histoire du MEDEF : les enjeux environnementaux seraient devenus la première préoccupation des chefs d’entreprise devant la politique fiscale. Pour l’astrophysicien Aurélien Barrau, dont l’intervention puissante restera dans les mémoires, la situation de menace existentielle dans laquelle se trouve le monde ne laisse plus d’autre choix que d’enclencher un véritable changement ontologique et axiologique. Autrement dit, l’éradication du vivant ne peut plus être pris comme un progrès ni même comme un simple dommage collatéral.
Sur le plan énergétique, la crise actuelle tient aussi bien à des raisons conjoncturelles que structurelles. En effet, des choix politiques néfastes pris en France et au niveau européen depuis la fin des années 1990 ont abouti à de prévisibles logiques spéculatives au gré de l’évolution des situations géopolitiques, économiques et climatiques à l’origine de l’actuelle flambée incontrôlée du prix de l’énergie et de la menace bien réelle de black out. Si la politique, c’est l’art de faire advenir ce qui est nécessaire, alors nous attendons du gouvernement, au-delà de reconnaître leurs efforts en matière de sobriété énergétique, qu’il tienne ses engagements de soutien aux entreprises, notamment les plus fragiles, qui risquent tout bonnement pour un grand nombre de se retrouver à l’arrêt. À une crise économique, succéderait alors une nouvelle et dramatique crise sociale.
Bob Dylan « pense à un héros comme quelqu'un qui comprend le degré de responsabilité qui vient avec sa liberté ». Alors gageons qu’en ces temps de tumulte nous nous saisissions de l’occasion qui s’offre de nous hisser à la hauteur des défis civilisationnels qui sont les nôtres. Nous le devons à ceux qui nous ont précédés et à ceux qui nous suivent. Nous nous le devons également.