Le commerce a toujours pâti d’une image controversée auprès des candidats à l’emploi, voire de leurs familles. Alors qu’il offre des opportunités de carrières incroyables, notamment à des collaborateurs peu qualifiés. Seuls sont retenus les aspects plus négatifs : des horaires contraignants, un métier difficile, des salaires qui peuvent être faibles en début de parcours et, plus globalement, l’image d’un secteur peu « glamour ».
Cette tension existait avant la crise, surtout en région parisienne, dans les grandes villes et se concentrait principalement sur des métiers de bouche. Actuellement, le constat est plus alarmant : non seulement, on le retrouve partout en France, dans toutes les dimensions du commerce, mais également dans tous les secteurs de notre économie, voire à l’international. Il y a indéniablement un effet post-Covid qui frappe tous les métiers et tous les secteurs. Rarement un constat avait fait autant consensus ; pas un chef d’entreprise, pas un économiste, pas un journaliste qui ne dise « c’est terrible, on ne parvient pas à recruter ».
Tout le monde y va de son commentaire, de son enquête, de son sondage pour mettre des mots sur ce phénomène et trouver des explications : « le télétravail, les jeunes ne veulent plus travailler et ont d’autres aspirations, les salariés veulent profiter de leurs familles, le mécanisme du chômage n’incite pas un retour au travail, il y a eu de nombreuses créations de microentreprises en 2021, quitte à être mal payés autant ne pas travailler le week-end, etc. ». Difficile de faire la part des choses dans cette litanie de motifs, d’autant qu’un sondage expliquera que pour les jeunes, le pilier central reste le salaire et la stabilité alors qu’un autre, tout aussi sérieux, démontrera qu’en tête de leur priorité, on retrouve la quête de sens et l’autonomie.
En conclusion, nous sommes tous unanimes pour affirmer que la pandémie a chamboulé le rapport au travail. Pendant des décennies, la préoccupation première des Français dans notre pays fut le chômage, ce qui a influencé notre rapport à l’emploi et, imperceptiblement, concouru à établir un rapport entre employeur et postulants qu’il nous faut maintenant inverser. Cette évolution était déjà dans les tuyaux et l’apparition de la fameuse « marque employeur », il y a quelques années, en était la traduction. Mais, avec la pandémie, le verrou a sauté et ce n’est plus la déferlante d’Omicron que nous devons gérer, mais celle de l’absence de candidats.
Alors finalement, peu importe les raisons, la question est : Comment fait-on pour inverser cette tendance et changer de paradigme ? La réponse est la même qu’avec nos consommateurs. Il faut nous adapter, changer de posture et nous mettre à la place du candidat, comme nous avons remis le consommateur au centre des réflexions et de nos stratégies. Soyons créatifs, inspirants et, probablement, un peu patients.
Alexandra Bouthelier, déléguée générale de la Fédération du Commerce et Associé