// Quel est votre parcours, comment avez-vous été amené à devenir entrepreneur ?
Après avoir suivi une formation d’ingénieur agronome avec une spécialisation en chimie des industries agricoles, j’ai travaillé pendant dix ans dans de grands groupes agro-alimentaires. Au cours de ma carrière, j’ai eu l’opportunité de rejoindre des usines appartenant au groupement Les Mousquetaires. C’est ainsi, qu’en côtoyant quotidiennement les adhérents, je me suis un jour décidé à franchir le pas ! Mais ce n’est pas un hasard. Je m’étais promis à l’époque du lycée de devenir commerçant indépendant avant d’avoir 40 ans et je fais toujours ce que je dis !
// Comment devient-on adhérent Intermarché ? De quels accompagnements avez-vous pu bénéficier ?
J’ai surtout été accompagné en termes de formation. Pour les nouveaux adhérents, cela dure 6 mois avec une partie théorique à Bondoufle (siège du groupement Les Mousquetaires) et plusieurs stages pratiques dans différents magasins. Chaque module pratique nous fait découvrir une facette différente du métier : produits, commerce, droit social, gestion, comptabilité. Par exemple on ne fait pas de vous un comptable mais quelqu’un capable de contrôler ce que fait votre comptable.
C’est un métier où l’on ne cesse jamais d’apprendre, tous les jours, au contact de nos équipes et des autres adhérents.
// En retour, de quelles manières vous êtes-vous impliqués au sein du groupement ?
J’ai eu différents tiers-temps (1 à 2 jours par semaine au service du groupement.) Après un passage à la direction de la communication régionale, je me suis impliqué dans la logistique, au niveau régional puis en tant qu’administrateur international à Paris. J’ai ensuite été nommé Président de la région Centre-Ouest pendant 2 ans. Il s’agit d’animer, développer le réseau, de gérer les litiges (il y a 250 points de vente et pratiquement autant d’adhérents) de construire et projeter l’enseigne dans l’avenir avec les patrons des autres régions et le président national de l’enseigne, un travail comparable à celui de préfet de région avec un rôle de définition et d’application de la politique générale du groupement. Il faut motiver les adhérents, les inciter à renouveler le parc de magasins, etc. Ce fut une expérience très enrichissante mais également très prenante et je souhaite aujourd’hui me recentrer sur la gestion de mon supermarché.
// Quel type de point de vente possédez-vous ? Comment vous différenciez-vous par rapport à la concurrence ?
Cela fait 12 ans que je possède, avec mon épouse, le supermarché du quartier de Villeneuve-les-Salines à La Rochelle, un quartier riche d’un important brassage culturel mais ayant connu des difficultés.
Lorsque nous avons repris ce point de vente en 2002, nous avons construit le projet d’agrandissement que nous avons finalement réalisé en 2008. Nous disposons aujourd’hui d’une surface de 1 971 m2 et nous nous différencions grâce aux rayons traditionnels. Notre magasin ressemble davantage à un marché couvert qu’à un supermarché ordinaire : il y a une vraie poissonnerie, une boucherie, etc. Nous parvenons ainsi à attirer une clientèle issue de toute la Rochelle et de ses environs. Notre supermarché, c’est la place du village : un lieu de rencontres et d’échanges.
La force d’Intermarché, ce sont bien sûr ses produits frais avec un bon rapport qualité prix. Mais c’est aussi la proximité, des entreprises à taille humaine avec des adhérents intégrés dans leur tissu économique et social, acteurs majeurs de leur territoire.
// Votre supermarché est implanté dans le quartier de Villeneuves-les-Salines, réputé difficile par le passé. Quel rôle jouez-vous pour favoriser la revalorisation de ce territoire ?
Dans les années 1960, l’Etat français a travaillé sur la décentralisation, à travers, notamment, le développement des implantations industrielles. C’est ainsi qu’une importante usine de sous-traitance automobile a vu le jour dans la région, permettant la création de 4 000 emplois. Pour loger ces ouvriers, l’office HLM de la Rochelle a construit des barres d’immeubles de taille moyenne sur des terrains alentours et crée, ex nihilo, le quartier de Villeneuves-Les Salines. Après la crise pétrolière, les usines ont fermé et les ouvriers se sont progressivement retrouvés au chômage. Le quartier a alors connu d’importants problèmes de délinquance. Pour redresser la situation, un important tissu associatif s’est développé et favorise aujourd’hui cette volonté de faire et vivre ensemble.
Afin de soutenir les projets associatifs, nous avons créé il y a 3 ans, avec plusieurs entrepreneurs de La Rochelle, la fondation « Fier de mon quartier. » sous égide de la Fondation de France. Nous soutenons des projets qui font l’objet d’une démarche collective, qui facilitent la participation des habitants à la vie du quartier et qui ont vocation à véhiculer une image positive du quartier. Nous avons, par exemple, contribué à la création de nouveaux jardins ouvriers, organisé la fête de la St Jean, véritable moment de rencontre festif entre les habitants, aidé à la création d’une webTV et, plus récemment, engagé une démarche autour de l’emploi. Nous proposons à des jeunes en rupture avec le monde professionnel de faire des stages d’insertion et de remise à niveau dans nos entreprises pour les embaucher quand on en a besoin ou leur servir de parrain et caution morale pour retrouver le chemin de l’emploi.
Ce type de fondation est totalement duplicable partout en France. Nous espérons, en faisant connaître notre démarche, donner envie à d’autres de réaliser la même chose.