L’indépendance au service de la performance : revendiquer cette force pour s’imposer face aux grands groupes intégrés Laurent Tribouillet dirige avec sa soeur l’établissement A.Tribouillet, une entreprise familiale de vente en gros de boissons, spécialiste du « vin fin ». Son histoire est intrinsèquement liée à celle du réseau C10, aujourd’hui N°1 de la distribution de boissons aux professionnels.
Vos ancêtres étaient cafetiers.Vous avez repris une maison familiale . Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre entreprise ?
Laurent Tribouillet : Mes grands-parents étaient cafetiers à Mignières, commune d’Eure-et-Loir. À cette époque, le métier de grossiste n’existait pas et il y avait autant de produits que de fournisseurs. En 1924, ils ont racheté l’affaire d’un marchand de vin qui partait à la retraite et se sont installés en plein coeur de Chartres, ville connue aujourd’hui mondialement pour sa cathédrale et aussi, un jour, qui sait, pour sa Bière de Chartres, née en 1880, que nous venons de faire revivre. Le quartier dans lequel nous étions vivait alors au rythme des animations autour de la boisson. En 1955, mes parents ont pris la relève. Passionnés par le millésime 1955 de Bordeaux, ils se sont spécialisés dans la vente des grands crus. Ils ont par la suite diversifié leur activité pour répondre aux attentes et aux transformations du marché. Pour relever ces nouveaux défis, l’entreprise familiale s’est décentralisée dans un bâtiment plus adapté, à Gellainville, en périphérie de Chartres. J’ai repris le flambeau avec ma soeur Marie, oenologue, dans les années 1990. J’ai intégré l’entreprise à l’âge de 25 ans après avoir effectué une école de commerce et travaillé aux États-Unis. L’histoire de votre entreprise et de votre réseau est liée aux bouleversements qu’a connus le monde des brasseurs.
Racontez-nous…
L. T. : Les premiers groupements d’entrepositaires grossistes ont vu le jour dès 1970. D’abord à périmètre régional, ils prendront ensuite une ampleur nationale jusqu’à ce que se déclenche la « guerre des brasseurs », en 1996. En effet, les brasseurs cherchent à prendre le contrôle de la distribution et l’on assiste à une véritable concentration des acteurs sur ce marché. Pour y faire face et se prémunir des ambitions de rachat par ces groupes intégrés, une poignée de distributeurs indépendants, dont l’entreprise A.Tribouillet, décide d’unir ses forces et ses talents. En 1997, la Européenne de Distribution (CEB) est créée et deviendra, en 2004, la Centrale Européenne de Distribution C10. Notre réseau s’est considérablement développé par croissance externe et mon entreprise en a pleinement bénéficié. La taille de l’entreprise A.Tribouillet a ainsi été multipliée par vingt en une vingtaine d’années ! C10 a été lancé avec l’ambition de devenir le leader de la distribution de boissons en France. Cet objectif a largement été atteint.
Quelles sont selon vous les atouts de votre réseau ?
L. T. : Notre véritable force face aux grands groupes intégrés, c’est d’être indépendant, impliqué, performant, d’être présent dans une même région depuis parfois plusieurs générations. Le réseau coopératif est au service de ses adhérents et s’adapte aux évolutions du marché. Il permet aux adhérents de se consolider et de grandir tout en conservant leur indépendance. De nombreux outils, très précieux, sont à leur disposition : un back-office optimisé avec une , un paiement centralisé, une plateforme logistique puissante qui livre sous 48 heures les 230 sites, un institut de formation dédié mais aussi une structure d’animation et une communication et une équipe de négociation pour les grandes enseignes à l’échelle nationale. Notre force : la puissance du réseau et le jeu de jambe de l’indépendant, chaque contrainte est une opportunité.
C10 a également fêté l’an passé les 10 ans de son enseigne Comptoir des Vignes…
L. T. : Comptoir des Vignes a été lancée en 2009. Réservée aux adhérents C10, cette enseigne compte aujourd’hui 50 points de vente en France et a su s’imposer comme un acteur incontournable sur le marché des cavistes en France. Nous envisageons entre 5 et 8 ouvertures en 2020. Le magazine Capital l’a élu, en décembre dernier, meilleure enseigne dans la catégorie cavistes, et nous en sommes très fiers ! Comment envisagez-vous l’avenir de votre réseau ? L. T. : Sur un marché aussi dynamique que le nôtre, il est indispensable d’être à la pointe en matière d’innovation, qu’il s’agisse des produits distribués ou des services techniques proposés. Cela se traduit également par de nombreuses actions déployées en matière environnementale et sociétale pour construire un modèle de croissance durable. Service de reprise du verre, recyclage des emballages à usage unique, certification de nos entrepôts, transformation de notre flotte et acquisition de véhicules propres sont autant d’exemples de ce que nous mettons en oeuvre.
C10 en chiffres
- 1,5 Md€ de chiffre d’affaires en 2019
- 230 sites
- 97adhérents
- 94 000 points de vente livrés
- 46 000 références distribuées