« Ce n’est pas un simple rachat, c’est un projet collectif où la accompagne l’entrepreneur de A à Z. »
Pourquoi avoir choisi la reprise ?
Chantal Dechaux : Créer un commerce de toutes pièces, c’était hors de question. Même avec mes 33 ans d’expérience dans le secteur, et alors que j’étais salariée du
que j’ai repris, se lancer comme chef d’entreprise c’est un changement énorme. La reprise d’un magasin déjà existant, avec une clientèle, des équipes en place que je connaissais et en qui j’ai toute confiance, et avec l’appui d’une coopérative comme Synalia, c’était la meilleure façon de franchir le cap.
Antoine Loscul : C’est tout l’enjeu du modèle
: permettre à des professionnels aguerris comme Chantal de passer de l’autre côté en mettant toutes les chances de leur côté. Nous avons racheté plusieurs magasins ces dernières années avec l’objectif de les transmettre à des associés de la coopérative sans ajouter d’offre au marché. En effet, en 10 ans, le nombre de bijouteries en France est passé de 5 500 à 4 500. Pourquoi ? Notamment parce que beaucoup de commerces indépendants peinent à se transmettre. Il y a notamment une double difficulté : trouver des repreneurs d’un côté, et obtenir un financement de l’autre.
Aujourd’hui, Synalia accompagne trois à quatre transmissions par an à des salariés responsables de magasin, avec un nombre croissant de commerçants qui cherchent à céder leur affaire, et des porteurs de projets séduits par notre modèle. Car ce n’est pas un simple rachat, c’est un projet collectif où la coopérative accompagne l’entrepreneur de A à Z : valorisation du magasin, financement, gestion du stock, approvisionnement, tout est fait pour maximiser les chances de succès.
Reprendre un magasin juste avant Noël, folie ou coup de génie ?
C. D. : Un défi intense, mais un excellent baptême du feu ! La reprise a été officialisée le 25 octobre 2024, en plein
rush avant les fêtes. Ça a été un sprint final après huit mois de préparation intense. J’ai tout de suite plongé dans le grand bain. Mais en réalité, c’était le meilleur moment : on attaque directement la période la plus génératrice de chiffre d’affaires, ce qui permet d’avoir une solide trésorerie dès le départ et de préparer sereinement le reste de l’année.
A. L. : Et chez Synalia, nous avons mis en place un système de type « crédit vendeur » sur le stock, ce qui permet au repreneur de ne pas avoir à décaisser immédiatement une somme importante. Ce fonctionnement assure un démarrage serein avec un fonds de roulement suffisant. Le but, ce n’est pas que l’entrepreneur rame dès le premier mois, mais de tout faire pour lui permettre de se concentrer sur la gestion et la performance de son point de vente.
Quels sont les grands défis du secteur de la bijouterie aujourd’hui ?
C. D. : Un simple chiffre : le prix de l’or a presque triplé en dix ans. On ne peut pas continuer à vendre les mêmes produits qu’avant, ni au même prix. L’innovation passe aussi par la diversification de l’offre et de nouveaux matériaux, comme le diamant de synthèse. Mais attention : cela implique aussi une nouvelle approche du service client. Le service et le conseil occupent de plus en plus de place dans l’expérience d’achat et la fidélisation.
A. L. : Le commerce évolue vite, et la bijouterie ne fait pas exception. L’arrivée du e-commerce a changé les habitudes des clients : ils comparent les prix, recherchent des services complémentaires, veulent de la réactivité et du conseil en magasin. On adapte sans cesse notre offre pour renforcer le lien de proximité avec nos clients et les fidéliser. La digitalisation, par exemple, est devenue incontournable : aujourd’hui, les stocks des magasins Julien d’Orcel sont unifiés sur notre plateforme e-commerce. Un client qui achète en ligne pourra être livré par le magasin à côté de chez lui ou un magasin situé à l’autre bout du territoire. Cela renforce l’ancrage territorial du commerce physique.
Un premier magasin repris, et après ?
C. D. : Honnêtement ? Dans trois ans, je suis prête à en reprendre un autre. Maintenant que j’ai passé cette première étape, je vois clairement le potentiel d’une seconde boutique. J’ai le soutien de la coopérative, j’ai appris à structurer ma gestion, et surtout, j’aime ça ! Une fois qu’on y a goûté, c’est difficile de s’arrêter.
A. L. : C’est exactement ce type de parcours qui fait la force de notre coopérative. Les magasins sont repris par des personnes qui connaissent leur métier, leur clientèle et qui veulent aller plus loin. L’objectif, c’est d’accompagner cette montée en puissance, en proposant un vrai parcours évolutif à des entrepreneurs comme Chantal. Ce n’est pas juste une transmission, c’est un tremplin !
Synalia en chiffres :
- 214 M€ de chiffre d'affaires du réseau
- 370 points de vente
- 210 associés
- 3 enseignes : Julien d’Orcel, Guilde des Orfèvres, Montres & Co et possibilité d’adhésion sans enseigne